Wikipedia, « Émeutes de 2005 dans les banlieues françaises » et usages de l’internet

Date 16/11/2005 16:10:00 | Sujet : Société de l'information

Wikipedia, « Émeutes de 2005 dans les banlieues françaises » et usages de l’internet

Wikipédia, l’encyclopédie gratuite en ligne co-produite par ses lecteurs n’est vraiment pas une encyclopédie comme les autres : à l’opposée de ses concurrentes papier qui publient de temps à autre un volume de « suppléments » pour intégrer les évolutions et les faits nouveaux, Wikipédia bondit sur l’événement : la preuve elle propose déjà deux articles très détaillés « Émeutes de 2005 dans les banlieues françaises» et «Réactions internationales aux émeutes de 2005 en France» élaborés à la suite de discussions très argumentées entre lecteurs-contributeurs, comportant au 15 novembre 48 messages et 290 corrections visant à en améliorer le contenu.
Extrayons en les passages qui concernent les usages de l’internet qui ont été mis en œuvre à cette occasion :

Modes d'action et de contact des émeutiers :
Nombre d'émeutiers utilisent des téléphones mobiles pour rassembler des plus jeunes et les inciter à les suivre. Ils utilisent aussi Internet sur les blogs ouverts pour envoyer des bulletins appelant à l'émeute. »,
L’article rappelle opportunément que les appels aux actes criminels sont interdits par la loi française, incluant depuis 2004 « tout moyen de communication au public par voie électronique, » et non plus seulement les média écrits comme avant (cela inclut donc la radio, la télévision, les services d'information et d'échange par téléphone ou par Internet.)
« L'UMP fait campagne au moyen d'achat de liens publicitaires sur le moteur de recherche Google. Un lien vers le site web de l'UMP apparaît dans les résultats de recherche sur des mots clés comme banlieue, émeute, racaille, anarchiste…C'est la première fois qu'un parti politique achète des liens commerciaux sur un moteur Internet. Cette campagne dirige les visiteurs vers une pétition pour "soutenir la politique de banlieues de Nicolas Sarkozy".
Le Parti socialiste a fait de même en achetant le mot banlieues par exemple. »
En dehors de l’actualité, cela pose des questions de fond que nous abordrons par ailleurs par rapport à la notion de « bien public ». Les mots de notre vocabulaire sont-ils commercialisables ? Qui peut s’arroger le droit de les vendre?
Le mérite de cette « histoire immédiate » est de coller à l’événement, d’être faite par ceux qui les vivent ou en sont proches, de confronter différents points de vue. Le risque c’est de privilégier les apparences, l’immédiateté avant même de disposer d’une analyse plus approfondie du déroulement des événements.
Confluent de points de vue, c’est plus que l’article d’un journaliste isolé, aussi clairvoyant soit-il. Ce n’est pas non plus l’article d’un historien qui dispose de recul, c’est intermédiaire, mais néanmoins probablement précieux pour les historiens, les politiques, et une bonne référence pour ceux qui à l’étranger veulent porter sur ces événements un regard équilibré sans être sur place.

Michel Elie





Cet article provient de L'observatoire des Usages de l'Internet
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