L’internet, un bien commun planétaire ?

Date:  04 Dec 2003
Section: Société de l'information

Titre :

L’internet, un bien commun planétaire ?

Auteur : Michel Elie

Organisation : Observatoire des Usages de l’Internet

Type de document : Article

Référence :  Revue Quart Monde, vaincre l’exclusion n° 187 Août 2003 : Internet au service de qui ?, pp. 38-41

Date: Août 2003 

Commentaire de l'OUI : On ne peut faire l’économie d’une politique mondiale de l’internet.

Texte :

" Internet : une toute petite planète ", c’est la constatation des auteurs du rapport du PNUD sur le développement humain (2001). Il desservirait entre moins de 0,4% de la population de l’Afrique (0,1% hors Afrique du Sud) et plus de 50% de la population des Etats-Unis. En 2001 il y aurait environ 500 millions d’utilisateurs représentant 8,5% de la population mondiale, dont 72% situés dans les pays de l’OCDE. Encore faut-il réaliser que beaucoup d’utilisateurs de l’internet n’en ont pas d’usages réguliers.

Si l'internet reste une toute petite planète largement dominée économiquement et culturellement par les Etats-Unis et les pays occidentaux, la proportion de la population mondiale dont il affecte les conditions de vie est beaucoup plus élevée. Chacun peut être concerné dans la mesure où, devenant l’outil stratégique de la globalisation des échanges, ses usages affectent l’évolution de l’économie, de la santé, de l’administration, de la politique…. Le phénomène internet doit être analysé à trois niveaux : celui de l’outil lui-même, celui des usages qui en sont faits par ses utilisateurs directs et celui de l’impact de ces usages sur la société et l’économie.

L’outil internet hérite de la très mauvaise répartition mondiale de l’infrastructure téléphonique qui lui sert de plate-forme technologique de départ. Une grande part des investissements qui lui sont consacrés sert moins la diminution des coûts et des obstacles à un accès universel que l’accroissement de performance et l’élargissement du champ des usages envisagés dans les pays à niveau de développement élevé.

Ainsi, non seulement le fossé entre utilisateurs et non-utilisateurs tend-il à s’accroître, particulièrement là où l’usage de l’internet se généralise, mais il se crée une ségrégation entre les utilisateurs eux-mêmes : ceux qui disposent ou non d’une connexion permanente et d’un accès haut débit, ceux qui disposent ou non d’un terminal portable.

Dans les pays à niveau de développement moyen ou faible, l’usage de l’internet est freiné non seulement par l’absence des infrastructures téléphoniques nécessaires pour y accéder mais aussi par la complexité de l’interface homme/machine utilisé. Contrairement à la télévision qui utilise directement la vue et l’audition, l’internet passe par l’écrit et majoritairement aujourd’hui encore par l’écrit en langue anglaise. Il demande un apprentissage pour manipuler l’ordinateur, le clavier et la souris. Si " l’illettrisme informatique " constitue déjà un frein à son utilisation dans les pays à niveau de développement humain élevé, il devient un obstacle majeur dans les pays où le fort taux d’illettrisme s’ajoute à l’obstacle économique.


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