Auteur
: Jean-Philippe Henry Type de document
: Mémoire pour l'obtention du Diplôme d'études supérieures spécialisées en techniques de l'information et de la communication Direction de recherche : Professeur Jean-Baptiste Carpentier
Organisme
: École des Hautes études en sciences de l'information et de la communication Date de publication : novembre 2000
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Résumé de l'auteur
Les Occidentaux investissent des sommes considérables pour soutenir les uvres de charité, les associations et les ONG. Depuis plus de trente ans, un véritable marketing caritatif sest mis en place, disposant de budgets toujours plus considérables, et adoptant sans sourciller les méthodes de vente par correspondance.
A cela sest ajouté depuis 3 ou 4 ans un nouvel outil : lInternet et la toile mondiale que le " réseau des réseaux " a tissée sur toute la planète. A la recherche de sources alternatives de financement, les associations et ONG se sont engouffrées dans cet eldorado, non sans avoir pris le temps d'en jauger les bienfaits virtuels, mais aussi les risques potentiels
A priori, la collecte de fonds sur Internet peut sembler extrêmement séduisante. Chaque association ayant la possibilité de faire connaître sa cause et de récolter des dons par paiement sécurisé, cette charité virtuelle semble briser le cercle vicieux : plus une association souhaite collecter de fonds, et plus elle investit dans son budget communication. Aux associations humanitaires, Internet semble offrir par ailleurs la promesse de relier toute la planète, et notamment le nord et le sud, les riches donateurs occidentaux, et les pauvres du tiers-monde.. Le Web apparaît comme un extraordinaire vivier de donateurs potentiels à haut niveau de revenus, mais aussi une plate-forme " éducative " pour sensibiliser les internautes à une cause.
Pour les donateurs, il sagit dune révolution ontologique : outre la faculté de donner par un moyen rapide, simple et efficace, Internet leur offre la possibilité de " faire le bien " sans que cela leur coûte un franc : soit en achetant des produits à des entreprises qui reversent une commission à des ONG, soit en cliquant sur un bandeau publicitaire en échange de quoi lannonceur verse une somme donnée à une ONG. Cette révolution conduit à repenser le don : Quel anonymat ? Comment est perçu lenregistrement de données dans ce cas ? Quel sentiment créé chez linternaute ? Quelle relation nouvelle à lAutre (celui que lon aide, dun simple clic
) ?
Nous aborderons également les défis et perspectives quoffre le don en ligne aux entreprises et aux spécialistes de la communication.
Définition du champ : nous avons limité le champ détude aux associations humanitaires. Notre intérêt principal étant la relation humaine qui se tisse de " bienfaiteur " à personne aidée, et le jeu complexe dactes et de symboles sétablissant entre la représentation de la détresse de " lAutre " et son soulagement
Dans ce cadre, nous nous intéresserons aux sites des ONG, mais également aux sites privés qui leur rétrocèdent tout ou partie des fonds collectés en invoquant un " argument " philanthropique.
Notre attention se portera principalement sur les exemples américain (qui constitue, comme souvent sur le net, lavant-garde des pratiques actuelles) et français.
Notre intuition initiale, acquise lors dun stage dans lONG PlaNet Finance, est que le don en ligne nest pas seulement un moyen supplémentaire de collecte des dons, mais quil reconstruit entièrement la relation triangulaire traditionnelle entre les donateurs, les associations philanthropiques et les bénéficiaires de leurs actions.
Nous avons tenté de vérifier cette intuition en établissant les hypothèses suivantes :
- Le don en ligne nest pas un phénomène éphémère mais est appelé à se développer, du fait de sa simplicité et parce quil permet une communication et un dialogue personnalisés entre donateurs potentiels et associations, et facilite leffort de transparence de ces dernières.
- Le don en ligne a un potentiel qui dépasse largement la base actuelle des donateurs traditionnels, et ouvre de nouvelles pistes à la recherche de fonds.
- Le don en ligne attire de nouveaux acteurs, aux buts divers, ce qui brouille les cartes entre profit privé et intérêt général, et accentue linstrumentalisation des donateurs au profit de finalités marchandes.
- Les relations à lautre, la perception de la détresse et la problématique du don seront transformées par ce nouveau media.
Pour vérifier ces hypothèses, nous dresserons linventaire des résultats actuels et du potentiel de la philanthropie sur Internet, et des acteurs aux finalités fort diverses -qui y contribuent.
Notre attention se portera ensuite sur les pratiques actuellement observables et leurs implications sur la perception de la détresse et du don, mais aussi sur les effets moins décelables de ces pratiques sur le comportement des internautes donateurs.
Enfin, nous tenterons de synthétiser les principaux freins à la donation charitable en ligne, et les règles de communication que les ONG devront respecter pour en tirer tout le bénéfice espéré.
Pour mener à bien cette étude, nous nous sommes appuyés sur une recherche documentaire et sur une étude de contenu dune cinquantaine de sites offrant la possibilité de donner en ligne. Un guide rassemble en annexe une présentation critique des principaux sites analysés.
Pour compléter ces résultats, plusieurs entretiens individuels semi-directifs ont enfin été conduits avec des responsables " donation " et responsables de sites Internet dONG françaises.