Contrairement aux autres formes de fractures, quelles soient sanitaires, alimentaires ou autres, le financement de la fracture numérique ne supporte ni dosage, ni discontinuité, ni arrêt, parce quun arrêt remettra en cause tout travail réalisé auparavant et replonge les populations concernées dans des situations de privation insupportables et aux conséquences inestimables ; le dosage quant à lui ne répond pas au principe dinclusion numérique auquel appellent les documents du SMSI. Deux facteurs importants font de cette permanence du financement une nécessité vitale. Il sagit des cycles permanents de renouvellement de matériels nécessités par la dégradation de ces derniers dun coté et des cycles plus longs de renouvellement technologique de lautre. Ce deuxième facteur, le passage au haut débit le montre aujourdhui, met à contribution en même temps les opérateurs de télécommunications qui doivent mettre à niveau leurs réseaux, et les portefeuilles des citoyens, qui doivent renouveler une partie de leurs équipements. Par leffet de ces renouvellements technologiques, tous les deux doivent mettre la main à la poche et dépenser pour se hisser au niveau du reste du monde et éviter un retour fatal à la fracture numérique.
Les populations des pays pauvres, qui nont pas les moyens de sapproprier les TIC les plus élémentaires et encore moins de suivre le rythme de renouvellement qui leur est propre, ont besoin du soutien des pays riches pour les aider à accéder à ces technologies, mais aussi pour bénéficier des vagues de ce renouvellement, et par voie de conséquences de lévolution des contenus, dont la forme, la qualité et la taille rendent les anciennes technologies vétustes et inutilisables. Mais ce soutien ne peut être considéré que sous langle de la solidarité internationale parce quil est en relation directe avec le niveau de vie. En effet, la fracture numérique est une conséquence directe de la fracture économique et ne pourra jamais être comblée par les moyens propres des pays pauvres. Il sagit là dun défi que le monde doit relever pour ne pas voir se dessiner sur terre deux nouvelles formes de sociétés et de culture qui signoreront du plus en plus.
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